LE PRIX D'UNE OLIVE
Le cochon à la troyenne, à l'intérieur duquel on fait entrer des bec-figues, des huîtres, des grives, le tout en quantité et arrosé de bon vin et de jus exquis et que le Sénat romain fut obligé de défendre par une loi somptuaire à cause de sa cherté, doit cependant céder le pas à ce plantureux rôti dont la recette suit :
On ôte le noyau d'une olive, on le remplace par un filet d'anchois ; le fruit ainsi beurré se met dans une mauviette, laquelle à son tour entre dans une caille que renfermera une perdrix qui devra se cacher dans les flancs d'un faisan. Le faisan disparaîtra à son tour dans le sein d'une vaste dinde, dont un cochon de lait deviendra la retraite ; on fera rôtir le tout, et le tout bien rôti vous offrira pour résultat la quintessence de l'art culinaire, le chef-d'oeuvre de l'art gastronomique.
Ne croyez pas cependant que ce mets doive servir en entier : les gourmands ne mangent que l'olive et le filet d'anchois, et cette olive ne revient pas à moins de 500 francs.
A. DUMAS, Le Grand Dictionnaire de cuisine, Rôti à l'impératrice,1873.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire