---------Je connais la faim, je l'ai ressentie. Enfant, à la fin de la guerre, je suis avec ceux qui courent sur la route à côté des camions des Américains, je tends mes mains pour attraper les barrettes de chewing-gum, le chocolat, les paquets de pain que les soldats lancent à la volée. Enfant, j'ai une telle soif de gras que je bois l'huile des boîtes de sardine, je lèche avec délice la cuiller d'huile de foie de morue que ma grand-mère me donne pour me fortifier. J'ai un tel besoin de sel que je mange à pleine mains les cristaux de sel gris dans le bocal de la cuisine.
Enfant, j'ai goûté pour la première fois au pain blanc. Ce n'est pas la miche du boulanger- ce pain-là, gris plutôt que bis, fait avec de la farine avariée et de la sciure de bois, a failli me tuer quand j'avais trois ans. C'est un pain carré, fait au moule avec de la farine de force, léger, odorant,à la mie aussi blanche que le papier sur lequel j'écris. Et à l'écrire, je sens l'eau à ma bouche, comme si le temps n'était pas passé et que j'étais directement relié à ma petite enfance. La tranche de pain fondant, nuageux, que j'enfonce dans ma bouche et à peine avalée j'en demande encore, encore, et si ma grand-mère ne le rangeait pas dans son armoire fermée à clef, je pourrais le finir en un instant, jusqu'à en être malade. Sans doute rien ne m'a pareillement satisfait, je n'ai rien goûté depuis qui a comblé à ce point ma faim, qui m'a à ce point rassasié.
J.M.G LE CLEZIO, Ritournelle de la faim,2008
J.M.G LE CLEZIO, Ritournelle de la faim,2008
4 commentaires:
Hola querida Henriette:
Gracias como siempre por tus preciosas palabras. Llevo una temporada muy liada y además tengo que hacer una ronda de un evento HHDD 25 para el que tengo 11 entradas, con lo que siento no haberte contestado antes ni pasar por tu maravilloso sitio tanto como me gustaría. Además tenemos algunos problemas graves de salud en la familia y la verdad es que entre unas cosas y otras apenas tengo tiempo. Pero siempre es una delcia entrar en este lugar y leer tus recetas y estupendos artículos. Besos mil y gracias para qo
Buenas tardes Henriette.
Afortunadamente nosotros no hemos pasado hambre, como cuenta Jean-Marie Gustave, pero lamentablemente aun queda gente en el mundo, niños sobretodo, que sufren esta lacra.
Debemos dar gracias cada dia por loque tenemos, y ayudar en lo que podamos para que estos niños tengan algo para comer y se puedan sentir tan satisfechos como Jean-Marie con su pan blanco.
Un beso y toda mi amistad.
Hola Mesilda,
Tens raó.És una vergonya tots aquests nens que no poden menjar cada dia! i encara més vergonyós és l'actitud dels nostres governs,oi?
Un petó i la meva amistat,
Je ne peux répondre, ni en espagnol ni en basque, ni en catalan ;-) car je n'en ai à l'oreille que la p'tite chanson douce de ma grand-mère.... Pero lo entiendo todo.... Venir lire ici les lignes de JMGLC qui racontent le RE-vivre (ah le chocolat et le chewing-gum de la libération) de mes parents est un des bonheurs de plus que je trouve ici. Merci Henriette et ses copines !
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