............................ Chaque soir nous allumions un grand feu, et nous bâtissions la hutte du voyage, avec une écorce élevée sur quatre piquets. Si j'avais tué une dinde sauvage, un ramier, un faisan des bois, nous le suspendions devant le chêne embrasé, au bout d'une gaule plantée en terre, et nous abandonnions au vent le soin de tourner la proie du chasseur. Nous mangions des mousses appelées tripes de roches, des écorces sucrées de bouleau, et des pommes de mai, qui ont le goût de la pêche et de la framboise. Le noyer noir, l'érable, le sumach, fournissaient le vin à notre table. Quelquefois j'allais chercher, parmi les roseaux, une plante dont la fleur allongée en cornet contenait un verre de la plus pure rosée. Nous bénissions la Providence qui, sur la faible tige d'une fleur, avait placé cette source limpide au milieu des marais corrompus, comme elle a mis l'espérance au fond des cœurs ulcérés par le chagrin, comme elle a fait jaillir la vertu du sein des misères de la vie.
Atala ou le Génie du Christianisme, 1801.
4 commentaires:
ah, ce cher françois-rené, ce romantique ténébreux, certes un peu réac. de son temps... Je savais bien que je le trouverai au détour de ton blog, Henriette ! Qui dit aimer la littérature ne saurait faire l'impasse sur ce cher vicomte désargenté (!) qui m'en aura fait verser des larmes de compassion, pour lui, sa "pauvre famille", sa soeur Lucile... Quant à la Vallée aux loups où il avait pu acquérir cette "modeste cabane de jardinier" (sic), que j'ai eu l'heur de fréquenter à ma guise, elle est restée une campagne bien agréable à quelques pas de Paris... ! Bon dimanche, Henriette. Amitiés.
Colibri,
j'adore tes précisions, j'apprends et j'apprends encore...et c'est ainsi que l'on s'enrichit
Merci et toutes mes amitiés
encore une petite précision : c'est dans cette "modeste cabane de jardinier" (!) de la Vallée aux Loups qu'il a commencé la rédaction de ses Mémoires d'outre-tombe... Si je retrouve des photos dans mes archives, je les scannerai ! A bientôt Henriette.
Je ne pouvais passer sans venir te saluer avec en fond un amoureux de la bonne cuisine et qui, de plus, a séjourné beaucoup de fois dans ma belle ville de Fougères où ses soeurs avaient une formidable demeure près de l'église Saint-Léonard !
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