mardi 12 janvier 2010

LES AMOUREUX DE LA BONNE CUISINE... ET LES AUTRES...

JEAN DE LA BRUYÈRE A ÉCRIT:

....................Si vous entrez dans les cuisines, où l'on voit réduit en art et en méthode le secret de flatter votre goût et de vous faire manger au delà du nécessaire si vous examinez en détail tous les apprêts des viandes qui doivent composer le festin que l'on vous prépare si vous regardez par quelles mains elles passent, et toutes les formes différentes qu'elles prennent avant de devenir un mets exquis, et d'arriver à cette propreté et à cette élégance qui charment vos yeux vous font hésiter sur le choix, et prendre le parti d'essayer de tout ; si vous voyez tout le repas ailleurs que sur une table bien servie, quelles saletés ! quel dégoût ! Si vous allez derrière un théâtre et si vous nombrez les poids les roues, les cordages qui font les vols et les machines ; si vous considérez combien de gens entrent dans l'exécution de ces mouvements , quelle force de bras, et quelle extension de nerfs ils y emploient, vous direz : " Sont-ce là les principes et les ressorts de ce spectacle si beau, si naturel, qui paraît animé et agir de soi-même ? " Vous vous récrierez : " Quels efforts ! quelle violence ! " De même n'approfondissez pas la fortune des partisans.

CARACTÈRES, des biens de fortune,1688.

11 commentaires:

Canotte a dit…

Eh oui souvent l'envers ne vaut pas l'endroit, c'est sans doute pour cela que dans notre société moderne on nous cache l'envers. Quelle ménagère d'aujourd'hui, plumerait, viderait, brûlerait un simple poulet ? Dans sa barquette avec une jolie ficelle on l'achète sans penser au travail préalable, tout est propre prêt à l'emploi....un cache vérité en somme !

colibri a dit…

Si je ne plume pas (pas de basse-cour encore !), j'éviscère de temps en temps, mais je ne brûle jamais (j'ai horreur que le volailler fasse ça, ça pue et ça donne un mauvais goût à la volaille !), car le poulet PAC, souvent sous cellophane, n'entre pas dans ma cuisine, de même, je déteste que le poissonnier me vide les poissons (que j'achète souvent entiers), vu que je suis obligée de repasser quand même derrière lui, donc je préfère le faire moi-même, ce qui donne souvent le spectacle que décrit cet auteur, plutôt porté, c'est sûr, sur la bonne chère !!! Ne vous étonnez pas que ma cuisine soit interdite à TOUT LE MONDE, ce qui fait hurler de rire Titou lorsqu'on a des invités intimes et que mes copines me lancent de la salle à manger "tu veux qu'on t'aide ?" !!! C'est vrai qu'entre la préparation de plats sublimes, autant visuellement que gustativement, il y a cette étape incontournable où tout est sans dessus-dessous, âme sensible s'abstenir ! C'est cela aussi, la magie d'un repas, comme dans le festin de Babeth où, c'est sûr, personne n'aurait mangé si on avait vu trucider et dépecer la tortue, même si on aurait jamais entendu son "cri" (paraît que c'est le seul animal qui n'émet aucun son ?), ou si on avait vu triturer dans les entrailles de ces pauvres cailles avant de les voir finir délicieusement "en sarcophage" !!! Bisous Henriette, je ne connaissais pas ce morceau de littérature "culinaire", merci...

P a dit…

Oui, ben moi, si faut que je fasse tout ça, je deviens végétarienne illico...
Bon courage mesdames!
PP

colibri a dit…

Euh, je voulais dire "le festin de BabeTTE", bien sûr, j'ai été distraite par une de mes lectrices, Babeth, qui concocte aussi de beaux festins dans la bonne humeur et pas dans l'austérité de la communauté danoise enfin réconciliée par Babette !!!

Odile a dit…

Tout pareil, Pomme ;-))) j'aime bien le lire chez les autres, mais chez moi, pfffff !

colibri a dit…

Hi, hi, Pomme et Odile, il y a un degré dans tout : moi s'il fallait que je trucide même un merlan qui me regarderait avec ses yeux non frits, euh... je crois bien que je deviendrais aussi végétarienne. Quoique... la douleur silencieuse de la salade quand on lui coupe le pied, on y viendra peut-être aussi, dès lors qu'on reconnaît actuellement la souffrance de l'animal, et même sa faculté d'anticipation, donc son intelligence et sa capacité de raisonner... En attendant, vous savez quoi ? Les trois bébés mulots nichés dans une poterie que j'ai sauvés du jet de mon arrosoir en Bretagne, et ben... ils ont fondé famille nombreuse et ensemble ils ont dévasté tout mon jardin en creusant des tunnels partout, mettant à nu plein d'arbustes qui, eux, les pauvres, sont morts !!! J'aurais dû les griller au BQ, les saloupiots ! Mais non, c'est pour rire ! Et je ne parle pas de ceux que je sauve de la gueule du chat (Chipie)...
Henriette, en fait, je ne me suis jamais intéressée à la cuisine avant de quitter le cocon familial, ma mère croyait même que je mourrais de faim quand je vivrai seule !!! Mais, comme ton fils, j'aimais bien regarder ce qu'elle faisait, sauf que je ne suis pas devenue un champion comme lui, je manque de rigueur et je suis trop fantaisiste, dans la cuisine comme ailleurs (sauf dans le boulot, heureusement !). Bisous, j'adore tes morceaux de littérature qui laissent une place bien grande à tout délire pseudo-culinaire !

Mammazan a dit…

Cara Marie Henriette
Anche io non ti ho dimenticata ed è un piacere venire a farti un saluto e tanti auguri per l'anno appena iniziato sul tuo blog coì bello e delicato
Un besous
Grazia

Elena a dit…

Gracias Henriette!

Me ha gustado mucho tu blog así que lo he añadido al mío para ir mirando tus recetas....seguimos en contacto, un beso
Elena

colibri a dit…

Coucou, Henriette, moi aussi je suis très courge ! Explication : pour les deux prix que tu as reçus, il faut, si on veut respecter les règles du jeu, les afficher sur ton blog, puis désigner 7 blogs que tu aimes et révéler tes 7 secrets dont j'ai eu la primauté, hi, hi !!!
PS : moi non plus, je ne savais pas comment faire, c'est pourquoi j'ai traîné des pieds depuis trois mois ! En fait, je suis tellement nulle que j'ai dû photographier les "prix" au lieu d'aller chercher le lien pour les reproduire ! Bisous !

Odile a dit…

:-))) Colibri ! Je suis ravie que certains (nes) trouvent le courage de s'occuper de tous les "à-côtés" de la cuisine, indispensables pour qu'on puisse profiter de tout le reste avec bonheur. J'avoue que je ne m'y frotterai pas, mais je me souviens avoir vu, étonnée et un peu dégoûtée, mon grand-père "déshabiller" un lapin qu'il venait d'occire.. Je crois que j'étais trop petite pour me rendre compte ensuite que le civet que je mangeais était le résultat de l'histoire commencée derrière la grange !

Un grand bravo Henriette pour ce prix bien mérité. BIses.

Lulu archive Availles a dit…

Du temps où mon beau-père chassait, j'ai plumé, vidé, préparé le gibier. Mais pour me dégouter de tripatouiller la viande faut y aller.
J'avais bien pensé cette année, m'armer de courage et de tranchant pour m'occuper de mes poules de réforme, mais le renard hélas s'en est chargé.
Quand TOC le mouton est parti à la casserole, je n'ai pas eu le coeur d'aller voir, on me proposait si gentiment de faire sans moi, mais s'il faut aider je le ferai. Il nous régale encore.
Bises Henriette et merci pour ces textes !

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