L'ÂME DU VIN
" Homme, vers toi je pousse, ô cher déshérité,
Sous ma prison de verre et mes cires vermeilles,
Un chant plein de lumière et de fraternité !
Car j'éprouve une joie immense quand je tombe
Dans le gosier d'un homme usé par ses travaux,
Et sa chaude poitrine est une douce tombe
Où je me plais bien mieux que dans mes froids caveaux.
Sous ma prison de verre et mes cires vermeilles,
Un chant plein de lumière et de fraternité !
Je sais combien il faut, sur la colline en flamme,
De peine, de sueur et de soleil cuisant
Pour engendrer ma vie et pour me donner l'âme ;
Mais je ne serai point ingrat ni malfaisant,
De peine, de sueur et de soleil cuisant
Pour engendrer ma vie et pour me donner l'âme ;
Mais je ne serai point ingrat ni malfaisant,
Dans le gosier d'un homme usé par ses travaux,
Et sa chaude poitrine est une douce tombe
Où je me plais bien mieux que dans mes froids caveaux.
Entends-tu retentir les refrains des dimanches
Et l'espoir qui gazouille en mon sein palpitant ?
Les coudes sur la table et retroussant tes manches,Et l'espoir qui gazouille en mon sein palpitant ?
Tu me glorifieras et tu seras content ;
J'allumerai les yeux de ta femme ravie ;
A ton fils je rendrai sa force et ses couleurs
Et serai pour ce frêle athlète de la vie
L'huile qui raffermit les muscles des lutteurs.
En toi je tomberai, végétale ambroisie,
Grain précieux jeté par l'éternel Semeur,
Pour que de notre amour naisse la poésie
Qui jaillira vers Dieu comme une rare fleur !
Les fleurs du mal, 1857.
10 commentaires:
Un beau poème pour un dimanche tout gris, à toi je lève mon verre et je te dis "A ta santé". Bon dimanche Marie-Henriette
Bonjour :) Ce matin il y a du soleil ici, dans le nord de l'Italie sur la cote Adriatique.
Je ne connaissait pas ce passage des Fleurs du Mal(ou bien mes souvenirs du lycee sont desormais lointains :), et j'ai aimé que le vin parle en première personne, avec une préférence pour son coté populaire.
A presto :)
Quel magnifique poème ! Je connais peu Beaudelaire mais grâce à toi c'est réparé
Quel bonheur, Henriette : rentrer de voyage et te retrouver "enfin" oui, enfin, et sans aucun doute, pas "...déjà" - un autre poème (en prose) de Baudelaire...) sur la toile ! Cela suffit à ensoleiller ce dimanche (pluvieux à Paris), que je te souhaite très bon, où, j'espère, que tu auras l'occasion de dire à Martin, "viens, mon beau chat, sur mon coeur amoureux...", ou quelque chose comme ça ! Je suis à peine réveillée, mais si c'est aux sons de mon poète préféré, alors, je me mets au garde à vous vite fait ! Vraiment, je suis très heureuse de te relire ! Bises.
chouette tu es de retour !
Quel bonheur Henriette ces morceaux choisis de poésie gourmande ! Ils me manquaient !
Je t'embrasse!
És un bell poema, com tots els de Beaudelaire. Hi ha un especial que m'agrada molt: La vermine, crec que es diu.
Salut i Terra
Sí, el poema és Une charrogne. Gràcies per recordar-m'ho.
Una abraçada
Salut i Terra
Très beau poème !
je connassais pas. C'est bien!
Bisous
Enrico
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