samedi 15 mai 2010

CURIOSITÉS

G.BRUNO A ÉCRIT:

CXIII. – Les Halles et l'approvisionnement de Paris. – Le travail de Paris.

Villes et champs ont besoin les uns des autres. L'ouvrier des villes nous donne nos vêtements et une foule d'objets nécessaires à notre entretien ; le travailleur des champs nous donne notre nourriture.

On se trouvait tout près des Halles centrales, l'oncle Frantz y conduisit les enfants. Il était neuf heures du matin, c'est-à-dire le moment de la plus grande animation. Julien n'en pouvait croire ses yeux ni ses oreilles.
– Oh ! oh ! s'écria-t-il, c'est bien sûr une des grandes foires de l'année ! Que de monde ! et que de choses il y a à vendre.
L'oncle se mit à rire de la naïveté de Julien.
– Une foire ! s'écria-t-il ; mais, mon ami, il n'y en a jamais aux Halles ; le bruit et le mouvement que tu vois aujourd'hui sont le bruit et l'animation de chaque jour.
– Quoi ! c'est tous les jours comme cela !
– Tous les jours. Il faut bien que ce grand paris mange. Songe qu'il renferme deux millions et demi d'habitants, dont plus d'un demi-million d'ouvriers qui travaillent avec
courage depuis l'aube jusqu'au soir. Tous ces habitants, en revenant du travail, de leurs affaires, de leurs plaisirs, ont bon appétit et espèrent trouver à dîner.
– Oh ! dit le petit Julien, ils auront certes de quoi le faire. Jamais depuis que je suis au monde je n'ai vu en un seul jour tant de provisions. Regarde, André, ce sont des montagnes de choux, de salades : il y en a des tas hauts comme des maisons ! Et des mottes de beurre empilées par centaines et par mille !
– Sais-tu, dit André, ce qu'il faut à peu près de bœufs et de vaches pour nourrir Paris pendant un an ? J'ai vu cela dans un livre, moi : il faut deux cent mille bœufs ou vaches, cent mille veaux, un million de moutons et cent mille porcs, sans compter la volaille, le poisson et le gibier.
– Mais, dit l'enfant, ce Paris est un Gargantua, comme on dit ; où trouve-t-on tous ces troupeaux ?
– Julien, dit l'oncle Frantz, ces armées de troupeaux arrivent à Paris de tous les points de la France : Paris a sept gares de chemin de fer ; il a aussi la navigation de la Seine à laquelle aboutissent les réseaux des canaux français. Par toutes les voies les provisions arrivent. Tiens, regarde par exemple cet étalage de légumes : il y a là des choses qui ont passé la mer pour arriver à Paris ; voici des artichauts, penses-tu qu'il puisse en pousser un seul en ce moment de l'année dans les campagnes voisines de Paris ?
– Non, il faut encore trop froid.
– Eh bien, Alger où il faut chaud envoie les siens à Paris, qui les lui paie très cher. Ces fromages viennent du Jura, de l'Auvergne, du Mont-d'Or, que tu te rappelles bien ; ces montagnes de beurre, ces paniers d'œufs viennent de la grasse Normandie et de la Bretagne : Paris mange chaque année pour plus de vingt millions de francs d'œufs environ, ce qui suppose trois cents millions d'œufs.
– Mon Dieu, dit Julien, que de monde est occupé en France à nourrir Paris !


"Le tour de la France par deux enfants", 1877.
Ce livre est un manuel scolaire qui a été écrit par Mme Augustine Fouillée (née Tuillerie) sous le pseudonyme de G. Bruno. Il a été réédité près de 400 fois et a servi pendant près de 50 ans de manuel scolaire à plusieurs génération d'enfants!
Voir une présentation plus complète du livre .

5 commentaires:

Mesilda a dit…

Gracias por la informacion y por compartirlo Henriette,este libro es un tesoro!
Besets y buen fin de semana.

Maria Pilar-COCINICA a dit…

Un libro muy provechoso, lastima que Les Halles esté tan abandonado. quizás hubiese sido mejor dejarlo con un buen mercado que era.

Un abrazo

MFB a dit…

Une vraie curiosite que ce livre, Henriette, tu as raison et j'avoue qu'il me tente bien, j'aime tous ces vieux livres, très attachants et passionnants parce que se référant à une époque révolue. Cette évocation de l'abondance de nourriture, aux yeux innocents de l'enfant, est très jolie et illustre notamment ce fossé qui existait à cette époque entre Paris et la Province... mais tout cela a bien changé. C'est un joli texte, très didactique, comme on les faisait dans les manuels de cette époque... Merci Marie-Henriette de m'avoir fait découvrir cette petite curiosité et je te souhaite un agréable week-end de Pentecôte,
plein de bisous,
Amitiés,

Lefrancbuveur a dit…

Merci pour le post!
Enrico

Odile a dit…

Je l'ai, ce livre-là Henriette ! et c'est vraiment intéressant, émouvant, parfois aussi un peu... décalé, de parcourir la France avec eux. Belle façon de connaître la vie de nos ancêtres (très édulcorée et idéalisée, c'est vrai)à cette époque.
Bonne journée Henriette.

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